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Hell (Tim Fehlbaum, 2011)

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Festival du Film Fantastique de Gérardmer 2012 : compétition.

Cette année Gérardmer s’est fait réceptacle du cinéma post-apocalyptique à toutes les sauces qui prend avec Hell l’accent germanique. Nationalité peu commune pour un film du genre peu fréquenté en Europe, dont les tentatives outre-atlantique ne parviennent pas à sortir du carcan imposé par La Route. Avec Hell, le jeune Tim Fehlbaum tente une approche originale de la chose avec notamment une identité graphique extrêmement marquée. Une audace qui s’avère relativement payante tant certaines parties du film adoptant parfaitement ce précepte se transforment à l’écran en quelque chose de jamais vu. Dès lors dommage qu’un deuxième film dans le film viennent équilibrer la balance vers le bas en adoptant un ton et une charte graphique beaucoup plus conventionnels, épuisant quelque peu l’originalité de l’ensemble et donc son intérêt. Reste qu’il s’agit là d’une des rares tentatives de film post-nuke à tenter de sortir des rails. Et ne serait-ce que pour ce point il mérite le coup d’œil.

hell 2 Hell (Tim Fehlbaum, 2011)

Avec son personnage principal nommé Marie, sa scène centrale se déroulant dans une église et le parcours d’élu que va suivre ladite Marie, Hell ne cache pas la portée universelle qu’il se cherche. Construit sur le schéma classique des deux parties radicalement différentes mais se répondant en permanence, Hell développe tout d’abord, dans sa première moitié, un road-movie post-apocalyptique baigné dans une lumière aveuglante du plus bel effet. En jouant sur la frontière entre l’ocre et le blanc, Tim Fehlbaum compose quelques plans tout bonnement sublimes tout en théorisant sur les relations humaines en terre hostile ou la notion de soumission pour la survie (réflexion également présente à travers le personnage de Rosanna Arquette dans The Divide). Pas con et se permettant de prendre à contrepied les codes visuels en vigueur dans le genre, Hell joue avec les figures imposées du genre tout en le faisant évoluer vers autre chose. Ainsi, le temps d’une séquence de kidnapping/sauvetage raté, le film glisse tout doucement vers une direction qu’on n’attendait pas forcément, celle du survival façon Massacre à la tronçonneuse. L’humain y est réduit au niveau de bétail, la femme à celui de procréatrice, brutalement. On ne coupe pas à la scène de repas ni à celle du passage dans l’abattoir, et encore moins à la famille de dégénérés au fils au physique colossal. Si tout cela n’est pas bien original, ça fonctionne toujours et cela permet surtout de faire émerger un personnage féminin fort qui évolue de femme soumise en début de film à véritable leader d’une rébellion sauvage à la toute fin. Une écriture de personnage plutôt intéressante à mettre en opposition avec un monde transformé en désert aride donc sans espoir évident.

hell 1 Hell (Tim Fehlbaum, 2011)

Dans le dernier acte de Hell, qui retrouve la lumière enivrante après le long passage en intérieur – bien plus faible car assez standard – c’est l’action qui prend le dessus dans une scène d’évasion construite intelligemment et nourrie par une mise en scène énergique de Tim Fehlbaum qui a bien retenu toutes les leçons de Juan Carlos Fresnadillo dans la façon d’utiliser une shakycam. Assez brutal et sec, le final qui laisse enfin poindre une note d’espoir vient conclure un petit film assez inattendu, pas forcément mémorable, mais dopé aux belles idées graphiques et porté par un ton surprenant. Il est donc encore possible d’utiliser un univers post-apocalyptique, des cannibales et une histoire de famille pour en faire quelque chose de neuf, tout en le ponctuant d’un improbable 99 luftbalons dès la première scène.


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